Un record, des chiffres historiques pour ce second tour des élections présidentielles : 34% des citoyens français inscrits sur les listes électorales rejettent les 2 candidats et le système en place avec 25% d’abstention et 9% de votes blanc et nuls (chiffres du ministère de l’intérieur). C’est la hausse du vote blanc ou nul qui est spectaculaire : il a été multiplié par plus de 4 entre les deux tours et a pulvérisé le précédent record de 1969.
Emmanuel Macron a recueilli 44% et Marine Le Pen 23% de votes des inscrits. C’est donc un président élu sans majorité. Et la candidate du parti Front National réprésente moins d’1/4 des électeurs inscrits.
D’après un sondage IPSOS d’hier presque la moitié (43%) des électeurs d‘Emmanuel Macron ont voté pour lui uniquement pour faire barrage à Marine Le Pen. Donc environ seulement 22% des inscrits ont réellement voté pour lui par choix. Et parmi ces derniers, un tiers (33%) l’on fait pour “le renouvellement politique qu’il représente” donc :
Un président est élu avec seulement 17% de votes pour son programme et ses « idées ». Démocratie ?
83% des citoyens français inscrits sur les listes électorales ne veulent plus du système politique actuel. Notons également que :
83% sont favorables au Référendum d’Initiative Citoyenne
selon une enquête IFOP d’avril 2017
86% sont favorables à la reconnaissance du vote blanc
selon une enquête IFOP de mars 2017
Au premier tour de l’élection présidentielle, 7 candidats sur 11 étaient pour la reconnaissance du vote blanc. Ceux qui n’étaient pas pour sa reconnaissance sont Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon et Philippe Poutou.
Si nous étions en démocratie le vote blanc serait reconnu (comme en Suisse ou en Suède) et il l’aurait largement remporté au premier tour et au second tour car :
- il n’y aurait pas besoin de vote utile au premier tour
- il n’y aurait pas besoin d’arc républicain au second tour (faire barrage à Marine Le Pen et le parti du Front National)
- il y aurait eu une participation beaucoup plus importante
- il y aurait moins de bulletins nuls
- il y aurait une majorité de vote blanc (40% des français auraient voté blanc selon une enquête IFOP de mars 2017)
- les 2 candidats du second tour auraient fait des scores très faibles, et seraient éliminés avec impossibilité de se représenter
Cela obligerait de présenter et proposer aux français des réformes profondes de l’État et du système gouvernemental, avec d’autres formes de représentation, moins oligarchiques et plus démocratiques. Vous pouvez dés maintenant demander au nouveau président Emmanuel Macron par une pétition, la mise en place d’un Référendum d’Initiative Citoyenne.
Ceux qui ont voté pour Emmanuel Macron comme incarnation du renouveau sont dans une contradiction, car il n’est pour l’instant qu’une illusion de renouveau : il est un pur produit du système oligarchique existant : diplômé de l’ENA, inspecteur des finances, banquier d’affaires chez Rothschild & Cie., membre du Parti socialiste entre 2006 et 2009, secrétaire général adjoint au cabinet du président de la République française auprès de François Hollande en 2012 puis ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique en 2014 dans le gouvernement Valls II. Notre nouveau président de la République française est membre d’un système dont une majorité de français ne veulent plus. Est-il raisonnable de lui laisser une chance ? On peut au moins lui reconnaitre qu’il connait bien le système. Accéder au poste en incarnant l’espoir n’est pas la garantie d’être à la hauteur du poste, et surtout de l’immense espoir qu’il va devoir porter. Il est logique de ne voir en lui pour l’instant qu’un complice de ce système. Laissons lui le bénéfice du doute. Mais dans tous les cas c’est aussi trop compter sur un seul homme. Comme je l’ai déjà écrit :
La présidentielle est comme un reste déliquescent de notre passé monarchique, une sorte de croyance inutile en un chef providentiel
Aujourd’hui je rajouterai que ce qui est utile dans le rôle de ce président, c’est sa capacité, par sa jeunesse, de catalyser une envie de changer le monde pour de nombreux français, ça sera toujours ça de gagné. Mais à condition que nombre d’entre eux comprennent qu’il n’y a qu’en commençant par se changer soi-même que l’on peut changer le monde. En effet il serait plus raisonnable d’arrêter de compter sur les autres. Même si nous n’avons pas tous les mêmes marges de manœuvres, il appartient à nombre d’entre nous de devenir plus responsables et plus acteurs de notre vie et de notre destin, en réduisant notre dépendance au système, en changeant notre façon de consommer, en nous engageant dans l’économie locale et la solidarité locale, etc. (j’en ai déjà parlé dans la conclusion d‘un long billet). Le premier ennemi est l’égoïsme, la résignation, la déresponsabilisation sur les autres/l’État, et l’inaction.
Il faut aussi agir dans le champ politique national et européen. Car dans la foulée des élections présidentielles, il y aura les élections législatives en France. Les jeux politiques vont recommencer avec les mêmes acteurs qu’auparavant, dans un échiquier politique tourmenté. Il nous appartient de ne plus être simples spectateurs condamnés à voter pour ce qui nous paraissent les moins pires des parlementaires, alors que c’est tout le système de représentation qu’il faut changer, par le Référendum d’Initiative Citoyenne, et la reconnaissance du vote blanc et en ne votant uniquement que pour ceux qui ne font pas parti de l’ancien système et qui défendront ces réformes.
Au final, nous ne devrions plus déléguer notre vie citoyenne à des gens qui veulent s’occuper de tout à notre place pour maintenir la leur et pour mieux nous contrôler avec la complicité avec les milliardaires qui possèdent des médias asservis, les grandes banques d’affaires et certains lobbies de multinationales et actionnaires ne s’intéressant qu’à leur enrichissement personnel et la recherche du pouvoir.
L’ennemi n’est ni le libéralisme économique (le libéralisme étant à la base une doctrine du droit : l’égalité de tous devant la loi), ni l’État seul, mais leur imbrication au travers d‘un système constituant le capitalisme de connivence (ou social-clientélisme) et constituant une inégalité devant le droit, c’est à dire la corruption :
“Le capitalisme de connivence, ou le capitalisme politique comme l’appelle l’historien Gabriel Kolko, est résultat de l’étatisme et d’une forme de corruption des élites : les grandes entreprises, de plus en plus inefficaces et bureaucratisées, réagissent au libre marché et à la concurrence en se tournant vers le gouvernement pour réclamer davantage de règlementations, de protection, ce que Bastiat appelait la recherche de rentes. De même, les grandes banques brandissent la menace du risque systémique pour exiger un renflouement par l’État ou par la banque centrale suite à leurs erreurs.
En France, cet état de fait est ancien et découle des participations croisées et surtout de l’endogamie des élites administratives (via l’École Nationale d’Administration) qui aboutit à mettre d’anciens hauts fonctionnaires à la tête des grandes entreprises, c’est-à-dire des gestionnaires et non pas des entrepreneurs. Les intérêts de l’État et de ces entreprises (qui sont très semblables en fait à des administrations publiques) sont alors inextricablement mêlés” (Source Wikiliberal ) : quelques exemples de Porte-Tambour (Revolving Door) et de pantouflage.
C’est cela qu’il faut idéalement défaire. Il nous faudrait une vraie justice indépendante et surtout des citoyens responsables, impliqués et mis directement à contribution dans les choix politiques. Ça s’appelle la démocratie.
5 Responses
[…] 2 ans après l'élection d’Emmanuel Macron nous sommes dans une atmosphère permanente de fin de règne chronique, catalysée par les Gilets […]
[…] mai 2017, juste après l'élection d'Emmanuel Macron et bien avant les Gilets Jaunes, j'avais déjà évoqué dans un ancien billet le Référendum […]
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