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Thriller Propagande Noire : remplacer les survivalistes par la scientologie, pour voir ?

La Scientologie est une secte […] armée pour la guerre économique, pour la guerre juridique, pour la guerre politique, et pour la guerre de l’information. Le XXIe siècle pourrait être scientologue, si on la laissait faire.

Roger Gonnet, créateur de l’Église de Scientologie de Lyon et cadre repenti de la Scientologie dianétique

Propagande noire : le livre

Ce thriller vieux de 10 ans dresse un portrait fictif, au regard de la réalité du survivalisme. En fait, il faut certainement y voir autre chose qu’une simple charge contre les survivalistes. Lisez ce thriller en remplaçant « les survivalistes » par « la scientologie » et intéressez-vous à la biographie de l’auteur : vous aurez la bonne clé de lecture, comme nous allons le voir.

Le pitch du livre

Les liens occultes entre une secte et les pouvoirs qui nous gouvernent.

Le juge Renan Le Goff est saisi d’une enquête sur la mort d’un adepte des survivalistes. Il s’attaque à la plus puissante secte au monde, et peut-être aurait-il dû faire comme d’autres, ne pas s’en approcher. Mais ce quadra solitaire, entêté, un brin macho, est aussi pétri d’idéal de justice et va enquêter au mépris du danger.

Le juge Le Goff n’a pas la moindre idée de ce qu’il déclenche : infiltrés dans toutes les strates de la société française, même au plus haut niveau du pouvoir, les survivalistes lancent contre lui la propagande noire.

Attaqué dans son intégrité, épié jusque dans le palais de justice, atteint dans sa vie privée, Renan Le Goff va mener un combat dantesque. Seul, ou presque, face à cette force occulte qui a déjà commencé à ronger la charpente de notre société

Propagande Noire, Georges Fenech et Alexandre Malafaye, 2013

La mouvance survivaliste n’existant pas, pas de risque de procès

L’avantage d’un thriller, d’une fiction, est de pouvoir laisser libre court à l’imagination. On peut aussi s’attaquer et fantasmer sur une « organisation survivaliste » tant que l’on voudra, et cela pour une raison bien simple : cette organisation n’existe pas. En revanche, l’église de scientologie existe bel et bien.

Un premier indice est le titre du livre : la « Propagande noire » ce terme étant utilisé par la scientologie pour désigner les techniques et campagnes employées pour détruire la réputation ou la confiance du public en des personnes, organisations. Intéressant, étant donné que ce thriller est à charge contre une soit-disante secte survivaliste, qui n’existe pas dans la réalité : aucun parti ni revendications politiques, pas de parti ni associations, pas de représentants…

Par contre, l’auteur connait très bien les risques juridiques à s’attaquer à la scientologie

L’auteur du livre Georges Fenech, spécialiste reconnu de la lutte contre le phénomène sectaire, magistrat, a instruit le procès lyonnais de l’Eglise de Scientologie en 1994. Ex-patron de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) de 2008 à 2012, ancien député UMP il est désormais consultant pour la chaîne télévisée CNews.

Georges Fenech a eu l’occasion d’expérimenter une trentaine de procès avec la scientologie. Il a été condamné au civil en 2019 par la cour d’appel de Caen pour atteinte à la présomption d’innocence, après une plainte de l’Association spirituelle de l’Église de scientologie.

Sachant cela, on peut se poser légitimement la question : ce thriller n’était-il pas une manière détournée de dénoncer les pratiques de la scientologie ? Comme nous allons le voir, la scientologie dispose d’une machinerie et met un œuvre une stratégie visant à influer et infiltrer les plus hautes instances de l’État.

Le Bureau des Affaires Spéciales (OSA), département du renseignement de l’Église de Scientologie

Ancien Bureau du gardien (cf. ci-après) l’OSA est, selon l’Église, chargé de diriger les affaires juridiques, les relations publiques, de poursuivre les enquêtes, de faire connaître les « œuvres d’amélioration sociale » de l’Église. Certains observateurs en dehors de l’Église ont caractérisé le département comme une agence de renseignement, en le comparant à la CIA. Source : Wikipedia

Le Bureau du Gardien

Créé en 1966, sa mission initiale était de protéger les intérêts de l’Église de Scientologie, et recueillir des informations sur les agences et les individus considérés comme ennemis de l’organisation. Le bureau du gardien a également été chargé de la surveillance interne, en particulier les hérétiques et les transfuges notables. L. Ron Hubbard, le fondateur de la scientologie, mis sa femme Mary Sue Hubbard en charge du bureau du gardien qui avait initialement son siège social à Saint Hill Manor, en Angleterre. Le bureau du gardien fonctionnait efficacement comme un Bureau du renseignement de l’Église de Scientologie, et a placé des membres à des postes clés au sein des organismes du gouvernement fédéral, afin d’obtenir du matériel confidentiel. La plupart des branches de l’Église de Scientologie avaient bientôt au moins un membre du Bureau du Gardien dans son personnel, et le Bureau du Gardien lui-même avait son propre Bureau de renseignement secret au sommet de sa structure organisationnelle. Le Bureau du Gardien a été dissous en 1983, et la majeure partie de ses fonctions précédentes ont ensuite été assignées à l’actuel Bureau des Affaires spéciales. Source : Wikipedia

Lobbying pratiqué par la scientologie auprès des plus hautes instances françaises ?

Dans le roman Propagande Noire, il est question de membres de secte infiltrés dans toutes les strates de la société française, même au plus haut niveau du pouvoir.

Rencontre en août 2004 entre Tom Cruise et Nicolas Sarkozy

La rencontre en août 2004 entre Tom Cruise, Cécilia et Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Economie et des Finances constitue sans aucun doute la partie visible du lobbying pratiquée par la scientologie auprès des plus hautes instances françaises. Et même si l’homme d’Etat en question nie encore aujourd’hui avoir évoqué ce sujet (sensible ?), cette affirmation a été contredite par Tom Cruise en personne qui déclarait quelques jours après leur entrevue, avoir parlé de tout, c’est-à-dire de cinéma, de vie familiale…et de scientologie ! Alors pourquoi ne pas l’admettre publiquement ? Considère-t-il cela condamnable alors qu’un document détenu par Roger Gonnet et datant de 1969 recensait les objectifs secrets de la scientologie dont « la volonté de prendre le contrôle ou obtenir l’allégeance des personnalités politiques clés » ? Cette rencontre fait suite aux nombreuses pressions que la scientologie ait faites auprès du gouvernement français et plus particulièrement auprès de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Ainsi, l’organisation se plaignait de l’excès de reproches qui lui étaient faits par les pouvoirs publics. Or, dans une interview accordé à Canal+ pour son émission 90 minutes, Claude Guéant ne cachait pas qu’un recadrage du dispositif en matière de surveillance de sectes avait été réalisé suite aux pressions de la scientologie.

Toujours sous l’ère Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, une porte parole de la secte indique qu’Arnaud Palisson, éminent spécialiste des sectes et auteur d’une thèse sur la scientologie consultable sur Internet, avait été renvoyé suite aux pressions réalisées. Mais alors pourquoi autant de clémence et de gestes envers la scientologie. Roger Gonnet tente d’expliquer ce comportement relativement bienveillant en faisant l’hypothèse non vérifiée que Cécilia Sarkozy, admiratrice du gourou William Atkinson, maître de la « Nouvelle Pensée », aurait été approché par les scientologues pour la sensibiliser sur la proximité relative des deux mouvements.

La Scientologie, étude de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales. École de Guerre Économique

Voir aussi : Claude Guéant : au service de la Scientologie ?

Rencontre le 14 juillet 2018 entre Tom Cruise et Emmanuel Macron

Voir notre infographie dans : CIA, scientologie, banque UBS, femmes d’influence françaises et évasion fiscale

Amie d’Alexandre Benalla, Pascale Perez a été entendue dans l’enquête sur la disparition du coffre-fort de l’ancien chargé de mission de l’Elysée. « L’Obs » avait enquêté sur cette discrète femme d’affaires et d’influence, habituée des milieux de la Françafrique et des cercles sarkozystes.

« Alexandre, ça te dirait de rencontrer Tom Cruise ? » aurait lancé Pascale Perez à Alexandre Benalla. La star atterrissait à Paris en jet privé pour la promotion du dernier « Mission impossible » et il fallait l’accueillir. Par quel mystère est-ce Pascale Perez qui a organisé son arrivée ? Certaines sources évoquent des liens avec la scientologie, mais la secte ne donne jamais le nom de ses membres. Quoi qu’il en soit, c’est bien Alexandre Benalla qui a ramené Tom Cruise, tout gyrophare dehors, à l’Elysée, où l’acteur a eu droit à une visite privée aux côtés du président Macron, de son épouse Brigitte et de Pascale Perez.

Des soutiens de Gabriel Attal à l’argent des français détourné vers des comptes off-shores

Quand la Scientologie embauchait les ex-flics de l’Elysée

L’Evénement du Jeudi est en mesure de révéler que l’Église de Scientologie a fait appel aux services d’un ancien responsable de la cellule élyséenne, le commissaire de la DST Pierre-Yves Gilleron – aujourd’hui conseiller pour les affaires de sécurité du président congolais Pascal Lissouba -, pour enquêter sur les magistrats qui – en Italie, à Marseille et à Lyon – instruisaient à cette époque des dossiers mettant en cause la secte. (…)

OSA (voir plus haut : département du renseignement de l’Église de Scientologie, NDLR) va s’assurer les services d’un professionnel, Pierre-Yves Gilleron. Son contact dans la secte ? Pascal Parizot, responsable du département Investigation de OSA. Le capitaine Paul Barril, avec qui Gilleron était associé à cette époque, est formel. « J’ai vu Gilleron déjeuner à plusieurs reprises avec Parizot. Ils étaient très proches. Je sais que Parizot a confié des missions d’investigation à Gilleron sur l’Italie, Marseille et Lyon. »

Plusieurs mouvements de fonds attestent cette collaboration. Pour la seule année 1989, la Scientologie, via le compte Carpa d’une de ses avocates – membre de la secte -, a versé près de 150.000 F au super-flic. (…)

Mais c’est le Dr Jean-Marie Abgrall, l’expert psychiatre mandaté par le juge Fenech qui a eu le plus à pâtir des scientologues. Vol de courrier, d’un ordonnancier, campagne de dénigrement, procédures judiciaires multiples… Une stratégie de harcèlement qui avait pour but de le faire craquer.
Le crime d’Abgrall ? Avoir écrit dans la conclusion de son rapport que: « La Scientologie est une secte pratiquant des techniques médicales et paramédicales essentiellement psychiatriques. Son idéologie est basée sur l’endoctrinement, la manipulation mentale et la soumission. L’argument religieux n’apparaît que comme une couverture destinée à masquer des intérêts économiques. »

Source : https://www.prevensectes.me/edj2.htm, 1996

Cette campagne de dénigrement contre le Dr Jean-Marie Abgrall, ça s’appelle de la Propagande Noire, selon la scientologie.