Tu croyais à ton autonomie ? Pauvre, pauvre ami

Tu croyais à ton autonomie ? Pauvre, pauvre ami. T’es-tu même déjà posé la question ? Combien de choses crois-tu sans les avoir vérifiées ? Que comprends-tu réellement du monde qui t’entoure ? De l’électronique, de ce matériel connecté, de la société, du marché, de ses réseaux de distribution ? La technologie la plus banale te dépasse. La division du travail rend chaque être dépendant de centaines d’autres… Comme ta chaudière dépend de ce composant vital, qui n’a de fournisseur qu’à l’autre bout du monde. Allégorie de la société. Il suffit qu’un fusible saute quelque part pour que tout s’effondre. Il a suffi d’un virus pour que tes semblables dévalisent les supermarchés, et se battent pour des rouleaux de papier toilette…
De quoi seras-tu vraiment capable, dans ce bel avenir ? Que pourras-tu réparer et entretenir ? Dans quelle mesure sauras-tu t’adapter et te défendre ?
N’importe quel gang urbain ou réseau de paysans s’en sortira mieux que toi. Tu vois où je veux en venir ? L’effondrement a déjà eu lieu. En toi. Tu n’es plus un être autonome. Tu es un maillon digital, une particule, une entité programmée, conditionnée à agir sans penser, à consommer en un clic. Et tant que la catastrophe n’a pas eu lieu, tu ne le verras pas…

Laurent Obertone, Éloge de la force, page 60, septembre 2020